mardi 7 mars 2017

Un rôle qui me convient

Richard Russo



Le sujet

William H. Devereaux Jr. est doyen du département des Lettres dans une médiocre université de Pennsylvanie. Pas vraiment apprécié par les professeurs de son université dont il essaie tant bien que mal de se faire virer (le poste de doyen lui ayant été offert sans lui demander son avis et étant censé être uniquement temporaire... depuis quelques années déjà) il doit affronter la volonté de la direction de licencier une partie des enseignants.

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup, adoré!

Officiel, Richard Russo passe dans mes auteurs favoris.
Là vraiment je m'incline.
C'est tellement rare que je trouve un livre qui me fasse rire. Je crois que ce n'était pas arrivé depuis Bridget Jones 2.
Ce livre est vraiment réjouissant, le personnage principal a une répartie incroyable (que j'aimerais tellement avoir!) et provoque des situations improbables mais tellement drôles. Et bien qu'au début il m'énerve assez, il devient très attachant!
Le personnage principal est un homme censé, bourré d'humour, et qui a tout a fait conscience de la médiocrité dans laquelle il se trouve. Je pense que ce livre est avant tout une critique du système éducatif américain, avec des universités médiocres remplies d'enseignants ayant un jour écrit une thèse tombée aux oubliettes (pas sûr que ce soit mieux en France mais c'est un autre débat!). Et on en rit...
L'auteur est vraiment sous-estimé en France, pratiquement méconnu, et pourtant...
J'ai lu 3 de ses ouvrages, celui-ci drôle et prenant, "un homme presque parfait" pas particulièrement drôle, sans grande histoire mais pourtant très prenant également, et son chef d'oeuvre "le déclin de l'Empire Whiting", vraie merveille (prix pullitzer d'ailleurs).
Je vous le recommande vraiment chaudement.


Extrait

Je rappelai à Lily que Rourke me détestait bien avant que je lui refuse un terrain, que sa haine pour moi était prédéterminée, qu'il est après tout un rationaliste aliéné, que son domaine de référence (la poésie anglais du XVIIIe siècle) est le plus ennuyeux de l'histoire de la littérature, que c'est un catholique apostasié et un séminariste raté, qu'il est incapable d'évacuer la vieille théologie qu'il méprise aujourd'hui, et qu'il est constipé comme un jésuite. Si je l'avais laissé s'établir à côté, notre promiscuité lui aurait fourni des dizaines d'autres raisons de me haïr. Libre d'épier mes allées et venues, il aurait même été capable cette fois de trouver le moyen de m'assassiner et de maquiller la chose en accident. Alors que maintenant, s'il se mettait en tête de me tuer, il lui faudrait traverser la rue, passer devant la maison de l'ex-femme de Jacob Rose, devant celle de l'ex-femme de l'entraîneur de football, et devant celles d'autres ex-femmes de mes connaissances. Je considère toutes ces ex-femmes comme mon ultime ligne de défense.