samedi 12 décembre 2015

La Compagnie - le grand roman de la CIA

Robert Littell

Le sujet

"La Compagnie" résume l'histoire de la CIA sur une période de 40 ans.

1ere partie : années 50 et 51
Tout commence avec les premières affectations des nouvelles recrues de la CIA :
- Ebby, diplômé de Columbia, a travaillé pour l'OSS pendant la 2e guerre mondiale
- Jack Mc Auliffe, diplômé de Yale
- Leo Kritsky, diplômé de Yale

2e partie : année 1956, la révolution hongroise est écrasée par l'URSS

3e partie : année 1960, fiasco de la baie des Cochons à Cuba

4e partie : année 1974, qui est la taupe?!

5e partie : année 1983, l'URSS envahit l'Afghanistan et les moudjahidins se réfugient au Pakistan

6e partie : année 1991, putsch de Moscou à l'encontre de Gorbatchev

Mon avis

Un chef d'oeuvre, gros coup de cœur

Quel pavé, mais quelle merveille!
Cela faisait longtemps que ce livre traînait dans ma bibliothèque et que je souhaitais le lire, mais la taille m'effrayait un peu.
Au détour de vacances un peu longues, j'embarque donc ce gros livre!

Et je l'ai dévoré, bon alors pas aussi rapidement que je ne l'espérais, mais il est véritablement prenant. Quand on est dedans, on a du mal à le lâcher.
Le travail de Robert Littell est incroyable. Je me demande ce qui tient du roman et ce qui tient plutôt de la documentation historique. Je ne connais rien à l'espionnage, mais tout m'a paru extrêmement réaliste. J'ai beaucoup apprécié cet aspect historique qui m'a beaucoup intéressé, on se replonge dans quelques uns des grands événements de la guerre froide US-URSS.

De plus, on s'attache énormément aux personnages car ce sont toujours les mêmes que l'on voit évoluer au sein de la compagnie petit à petit, aussi bien dans la vie professionnelle que personnelle.
Bref, si vous cherchez un bon roman d'espionnage (je dirai même le chef d'oeuvre du roman d'espionnage), vous l'avez trouvé!

Quelques extraits

Page 947
- La vérité c'est que les américains ne comprennent que très vaguement ce qui se passe et se retrouvent le plus souvent à soutenir le mauvais cheval. Il faut arrêter de chercher des solutions rapides à des problèmes de longue haleine.
- Nous n'allons pas leur donner de missiles Stinger, si c'est à ça que tu penses, insista Manny
- Vous finirez par le faire, prédit Maria. Ça vous démange tellement de prendre votre revanche par rapport au Vietnam que vous n'entendrez bientôt plus la douce voix de la raison. Et puis, quand la guerre sera finie, les ben Laden retourneront les armes que vous leur avez données contre vous."

Page 948
Anthony demanda "qu'est ce que tu ferais si tu étais présidente des Etats Unis?"
- [...] Je battrais froid aux groupes dissidents qui veulent créer le parfait Etat islamique à l'image du califat du septième siècle.
- Tu penses que l'occupation russe en Afghanistan est un moindre mal? voulut savoir Manny
- Je pense que vous préparez le prochain désastre en choisissant de régler trop vite le dernier désastre. Je dis qu'il faut s'accrocher un peu.

Page 992
"En théorie, toi moi et la rezidentura avons l'énorme avantage de travailler contre le principal adversaire - les sociétés occidentales, leurs gouvernements et même leurs agences de renseignement sont plus ouverts que les nôtres et plus faciles à infiltrer. Mais en pratique, nous sommes confrontés à d’énormes désavantages dont même James Angleton à l'apogée de sa gloire n'avait pas idée. Nos dirigeants se croient capables d'analyser eux-mêmes les renseignements collectés. Et nos agents sur le terrain ont peur de dire à leurs officiers traitants quoique ce soit qui aille à l'encontre des idées préconçues des dirigeants en place; et même si nous disons la vérité à nos officiers traitants, ils ne voudront pas risquer leur carrière en la transmettant à leurs supérieurs. Staline ne doutait pas que c'était l'Occident qui tentait d'encourager une guerre entre l'Union Soviétique et l'Allemagne de Hitler, et toute information qui contredisait cette théorie - y compris les dizaines de rapports selon lesquels Hitler projetait d'attaquer la Russie - était tout simplement enterrée. Seules les informations qui allaient dans le sens des soupçons de Staline, lui étaient transmises. A un moment, le Centre est même arrivé à la conclusion que Kim Philby avait été retourné parce qu'il n'arrivait pas à trouver de preuve pour corroborer le faut que la Grande-Bretagne essayait de monter Hitler contre Staline. Notre problème est structurel - les renseignements qui sont transmis tendent à renforcer les idées fausses au lieu de les corriger.

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