vendredi 19 septembre 2014

Le maître des illusions

Donna Tart


Le sujet (éditeur)


En décrochant une bourse à l'université de Hampden, dans le Vermont, Richard Papen ne laisse pas grand chose derrière lui : la Californie, qui lui déplaît ; son adolescence, faite de souvenirs incolores ; et ses parents, avec qui il ne s'entend pas. Hampden est une porte de sortie inespérée, l'opportunité de vivre une nouvelle vie. Passées quelques semaines, il est bientôt attiré par un professeur atypique, Julian Morrow, esthète capricieux qui enseigne les lettres classiques à cinq étudiants apparemment très liés. Contre l'avis de ses professeurs, il tente de s'introduire dans le groupe de ces jeunes gens marginaux sur qui courent les plus folles rumeurs. Et il est loin d'imaginer ce que lui coûtera sa curiosité.

Mon avis

J'ai aimé... sans plus

Je suis déçue par cette lecture qui d'après les critiques aurait du être géniale.

Que ce livre est long... 300 pages pour tuer un homme non mais franchement!
Dites vous que ce livre fait tout de même 700 pages et que sur ces 700 pages, il se passe deux évènements : le meurtre de Bunny qui arrive à peu près au milieu (je ne spoile rien c'est écrit au tout début), ainsi qu'un autre retentissement qui arrive 40 pages avant la fin. Et c'est tout... Le reste n'est que description d'un groupe de jeunes complètement fous qui justifient leur acte par la méchanceté de Bunny...

Et puis je ne me suis pas du tout identifiée aux personnages. 
Quel étudiant normalement constitué qui s'est battu pour obtenir une bourse et faire des études afin de se désolidariser du destin de sa famille, prend le risque d'étudier sous la direction d'un illuminé, après de nombreuses mises en garde d'autres professeurs, et d'élèves?! 
Car c'est dont il s'agit tout de même : un étudiant qui malgré les mises en garde se coupe complètement de l'enseignement de l'université, n'étudie qu'avec un seul et unique professeur détesté de ses paires, avec un tout petit groupe d'étudiants... 
De la part des autres personnages riches et qui peuvent du coup faire un peu ce qu'ils veulent (s'ils veulent ils pourront reprendre des études après, pour eux ce ne sera pas un sacrifice), mais pour le narrateur c'est impensable!

ATTENTION SPOILER. Et quid de la relation entre les jumeaux?! Ca n'a choqué personne, que ça sorte comme ça du chapeau? Et que ça fasse rire les membres du groupe plutôt que d'être franchement dégouté et de se dire, ils ont besoin d'aide comme n'importe quelle personne normale? FIN DU SPOILER

Bref, je l'ai lu, très rapidement car je voulais en finir vite et passer à autre chose, et j'en sors sceptique. 
Je lui attribue 3 étoiles car je considère recommander un livre si je lui attribue 4 ou 5 étoiles. Le livre n'est pas mauvais, il est bien écrit, bien traduit, mais je l'oublierai vite (heureusement!). De mon point de vue, il est sans grand intérêt en fait.

Qu'en sera-t-il de Chardonneret qui trône dans ma bibliothèque en attendant que je le lise? Après cette déception, il me faudra du temps avant de me lancer.

Au fait, si quelqu'un pouvait m'éclairer sur le titre j'apprécierais, car vraiment, le maitre des illusions, je ne vois pas du tout le rapport avec le livre!

lundi 15 septembre 2014

American Darling

Russel Banks



Le sujet

Hannah Musgrave est une jeune américaine issue d'une famille bourgeoise.
Fille du Françoise Dolto masculin et américain, elle est voue à un grand et brillant avenir.
Mais Hannah en décidera autrement. Quelques semaines avant le passage de son examen finale de médecine à Harvard, Hannah décide d'abandonner ses études et de rentrer dans la clandestinité pour l'association Weather Underground, collectif américain de lutte pour les droits civiques.
Hannah prépare des faux passeports et prépare des bombes. 
Et puis un jour, fatiguée de ces années cachée, à mentir, Hannah decide de suivre son amant occasionnel pour partir en Afrique.
Elle finira au Libéria, où elle rencontrera et épousera un homme politique en vue, Mr Sundiata, et à qui elle donnera trois fils. 
Dix ans plus tard, c'est la guerre civile au Libéria et les pires atrocités s'enchaînent...
Hannah nous raconte tout cela depuis les Etats Unis où elle nous explique dès le début de son récit qu'elle y vit sans son mari et sans ses fils, restés au Liberia pendant la guerre.
Pourquoi est-elle rentrée? Pourquoi a-t-elle laissé ses fils au Libéria alors qu'une guerre faisait rage? 
Ce sont les questions auxquelles Hannah s'efforce de répondre, en demandant au lecteur de ne surtout pas juger.


Mon avis

J'ai aimé... à la folie
Un chef d'oeuvre

Voilà un livre qui restera dans mon coeur pendant un bon bout de temps.

Et pourtant, je dois bien avouer qu'il m'a été très difficile d'en venir à bout, tant l'histoire est dure, très dure, et ne manque pas de descriptions macabres.
Si comme moi, vous êtes une âme sensible, sachez que les scènes de torture et de souffrance humaine et animale ne manquent pas.
Mais cette histoire est tellement belle, tellement réelle (bien que ce soit une fiction enfin je crois), qu'on ne peut pas s'arrêter. 

Pourquoi cette femme a-t-elle abandonné ses enfants en pleine guerre civile au Liberia? Comment peut-elle vivre avec cela sur la conscience? Sans savoir s'ils sont morts ou vivants?
L'explication finale est incroyable, bluffante et tellement amère. 
Ce livre est une merveille. En plus de ce récit passionnant et touchant, j'y ai personnellement découvert l'histoire de ce petit pays du Liberia, que je ne connaissais pas du tout. Une histoire tellement tragique et méconnue.
Russel Banks nous livre ici un livre assez pessimiste sur l'avenir, une pépite, un véritable chef d'oeuvre.

Critique de Télérama : 
http://www.telerama.fr/livres/american-darling-de-russell-banks,26828.php

Critique d'un des chroniqueurs de la revue Lire : 
http://www.lexpress.fr/culture/livre/american-darling_810563.html

L'extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea

Romain Puértolas


Le sujet

Voici l'improbable histoire d'un Fakir qui débarque à Paris afin de s'acheter un lit à clou spécial Fakir!
Attache-Ta-Charue (c'est comme ça que le nom du Fakir se prononce) voyagera contre son grès de la France, à la Lybie en passant par l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie...
Je n'en dis pas plus, ce livre étant tellement court que j'ai peur de spoiler.

Mon avis

J'ai aimé... assez

Suite aux recommandations l'été dernier dans "Le Masque et la Plume" de Michel Crépu puis de Jérôme Garcin, je me suis ruée dans ma librairie afin d'acheter cet ouvrage.
Alors, je ne l'ai pas trouvé hilarant et génial comme deux de mes critiques favorites, mais j
'ai trouvé ce petit livre très sympathique. L'humour est facile mais efficace. J'ai bien rigolé, alors certes pas à gorge déployée, mais tout de même. C'était une lecture très agréable.

Pour apprécier ce livre, il est important de le lire rapidement, car une part importante de l'humour est dans le comique de répétition. Si on ne le lit pas d'une traite, on ne lit qu'une suite de scènes sans queue ni tête et pour le coup l'humour devient très lourd.
Bref, lecture très sympathique mais il ne faut pas s'éterniser dans la lecture.

dimanche 14 septembre 2014

Rome du libéralisme au socialisme

Philippe Fabry


Résumé (Amazon)

Au IIe siècle avant Jésus-Christ, le grec Polybe essayait de répondre à la grande énigme historique de l'époque : comment Rome s'était-elle si vite rendue maîtresse de l'univers ? Deux mille ans plus tard, l'anglais Edward Gibbon s'interrogeait, à l'inverse, sur les causes de son déclin et de sa chute.

De nombreuses théories ont été produites pour tenter d'expliquer cette catastrophe géopolitique. Chaque auteur s'attachant au sujet ou presque a proposé sa vision de la grande cause de la chute de l'Empire romain. 

La réponse de Gibbon est bien connue : la perte de la vertu civique des Romains, n'ayant plus envie de défendre leur empire, et notamment amollis par le christianisme et son détachement des espoirs terrestres. 

Bien d'autres réponses ont été proposées. Certaines avancent un élément précis censé bouleverser un équilibre, comme une supériorité technologique des barbares brisant la supériorité séculaire du système militaire romain. D'autres dessinent un schéma qui est finalement plus descriptif qu'explicatif : l'instabilité politique affaiblissant l'Empire et favorisant les invasions des barbares, dont le pillage faisait baisser les revenus et les taxes, rendant plus difficile la défense et facilitant d'autres raids barbares, etc. ; le tout formant un cercle vicieux, mais sans que la cause du cercle vicieux lui-même ne soit élucidée. D'autres encore pensent que l'Empire ne s'est pas effondré mais s'est seulement transformé. Pour certains la chute n'était pas inéluctable, pour d'autres elle l'était. 

Pour un historien aussi informé sur cette époque que Paul Veyne, il n'y a tout simplement pas de grande cause de la chute de Rome, ce fut un accident, provoqué par une conjonction de facteurs multiples et non nécessaires. 

Dans ses - pas assez ? - fameuses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, Montesquieu posait une thèse originale et unifiée pour expliquer l'ascension et la chute de la puissance romaine : la liberté perdue. Curieusement, cette thèse n'est guère mentionnée de nos jours quand il s'agit de s'interroger sur les causes de la chute de l'Empire romain. Le grand public, tout au moins, ne la connaît pas. Si l'on recherche sur sa référence en ligne, l'encyclopédie Wikipedia, version anglaise ou française, l'article Déclin de l'Empire romain d'Occident (ou Decline of the Roman Empire), on constatera qu'il ne mentionne pas la thèse du Français. Thèse oubliée qui avait le mérite, avec une seule grande idée, d'expliquer toute l'histoire romaine. Thèse à laquelle il a probablement manqué une réactualisation après trois siècles de travaux d'érudition historique et archéologique, mais aussi de pensée économique, sociale et politique. Thèse sans laquelle, il faut bien le dire, l'histoire de Rome paraît un mystère insondable. 

Comment s'expliquer que devenue maîtresse du monde, Rome ait été laminée par des épreuves qui, subies de la même façon dans les premiers siècles de son existence, n'interrompirent que très temporairement sa marche vers la domination mondiale ? 

En 390 av. J.-C. Rome, cité parmi tant d'autres, fut mise à sac par les Gaulois de Brennos, et cinquante ans plus tard triomphait une première fois des Samnites, première étape de sa route vers la conquête de l'Italie. Mais en 410 de notre ère, Rome, maîtresse du monde, à nouveau mise à sac par Alaric, fut incapable de réagir et cinquante ans plus tard tout son empire lui avait échappé. 

En 216 avant Jésus-Christ Rome, maîtresse de la seule Italie, est écrasée à Cannes par Hannibal, perdant au total environ soixante-cinq mille hommes, tués ou prisonniers. Quinze ans plus tard, les forces romaines reconstituées triomphent à Zama, sur le territoire même de Carthage, et remportent la guerre la plus décisive de l'histoire de Rome. Mais en 378 Rome, maîtresse du monde, écrasée à Andrinople par les Goths, perdant quarante mille hommes, se trouve incapable de renouveler ses effectifs et laisse les barbares Wisigoths pratiquement libres de se promener dans l'Empire et de le piller, jusqu'à ce qu'ils arrivassent, précisément, à Rome une trentaine d'années plus tard. 

Comment expliquer cela ? 

Mon avis

Merci beaucoup à Babelio ainsi qu'à l'éditeur Jean Cyrille Godefroy de m'avoir donné l'opportunité de lire cet ouvrage, via le dispositif de Masse Critique. 

Passionnée d'histoire, l'histoire de Rome m'a toujours beaucoup intéressée, mais je n'ai jamais lu d'ouvrage qui y soit dédié. 

Ce livre fut une belle surprise. Je dois admettre que j'ai eu peur en recevant le livre (bien que je l'ai sélectionné pour Masse Critique) de m'ennuyer au milieu de termes juridiques de l'auteur. Mais en fait pas du tout. 

Je ne détaillerai pas ici les hypothèses et théories de l'auteur, ce n'est pas le but, Amazon le fera beaucoup mieux que moi! 

Philippe Fabry retrace l'histoire de la montée en puissance de Rome ainsi que sa chute, de façon très claire et concise. Sa façon de nous raconter l'histoire est agréable. Ce n'est certainement pas un roman, mais le livre se lit vraiment très bien pour les amateurs de livres d'histoire comme moi. J'y ai personnellement appris beaucoup de choses sur l'évolution historique et politique de Rome. 

Ses conclusions sur les politiques capitalistes, telles que celle des Etats Unis aujourd'hui, qui sont vouées à triompher, et sur les politiques socialistes, telles que celle de l'URSS, qui sont vouer à disparaître sont intéressantes. 

On y adhère... ou pas.
Je n'y adhère pas.

Néanmoins j'ai trouvé son raisonnement très rigoureux et j'y ai appris beaucoup de choses, et c'est le principal me semble-t-il!