samedi 15 mars 2014

Vengeance en Prada

Lauren Weisberger

vengeance

Le sujet

Dix ans après avoir claqué la porte de Runway, Andrea Sachs est comblée. Elle a monté son magasine consacré au mariage avec son ex-collègue et nouvelle meilleure amie Emily, et elle est sur le point de se marier à un homme charmant, gentil, beau et riche!
Mais voilà que le magasine “The Plunge” fonctionne tellement bien que la diabolique Miranda s’y intéresse, et fera tout pour l’acquérir.
Andrea devra se battre pour se tenir écarter de Miranda, plus diabolique que jamais!

Mon impression

Dans le genre lecture légère, j’adore!

Je suis ravie d'avoir retrouvé les aventures d’Andy.
J'ai commencé le livre en me disant oula! je ne suis pas certaine d'aller au bout, ça sent la niaiserie à plein nez!
Et finalement, j'ai passé un délicieux week-end avec cet ouvrage.
C'est un très bon livre de chick lit, au même niveau que "confession d'une accro du shopping". Il n'y a pas vraiment de happy end, pas mal de rebondissements que en ce qui me concerne je n'avais pas vu venir.
Bref, un très bon moment de détente!

vendredi 7 mars 2014

Soif de justice

Pierre Joxe

Mon avis : j'ai adoré
Pierre Joxe est un très grand homme politique français. Un de ceux qui me donne confiance en notre République. Socialiste, plusieurs fois ministre (intérieure, industrie, défense), Président de la cour des Comptes, il est aujourd'hui membre du conseil Constitutionnel.

Avant de devenir Enarque, il est avocat. Aujourd'hui "à la retraite" (autant que peut l'être un homme politique), il a revêtu sa robe d'avocat et défend les droits des mineurs. C'est un acte de foi, pour un homme assoiffé de justice...

Ce livre est passionnant. Après son ouvrage "Pas de quartier" sur la justice des mineurs paru en 2012, il égrène pendant un an les juridictions sociales pour préparer cet ouvrage, cris d'alerte sur l'état de nos juridictions sociales françaises.
Le livre se décompose en deux parties : la première expose tout ce à quoi Mr Joxe a pu assister pendant cette année de recherche, puis une seconde partie de raisonnement sur l'Etat social : la tradition esclavagiste française, la construction de l'Etat social en Europe, les hésitations françaises de construction de notre état social, puis vient la conclusion, percutante.
J'ai dévoré la première partie dans laquelle par des exemples concrets il nous explique le fonctionnement et les limites de ces juridictions sociales françaises malheureusement bien trop méconnues : les prud'hommes, les tribunaux des affaires de sécurité sociale, les tribunaux du contentieux de l'incapacité, les commissions départementales d'aide sociale, et les tribunaux administratifs. 
La seconde partie est plus théorique mais tout autant passionnante. J'ai découvert l'impact sur notre droit du passé esclavagiste français, et je me suis régalée de la comparaison fort pertinente des différentes constructions de l'état social en Europe avec une focalisation sur le principe du Welfare State anglais versus le Sozialstaat de Bismarck.
Bref, un livre dans lequel on apprend pleins de choses, accessible à tous, mêmes les plus profanes comme moi, et qui fait réfléchir. Et ça fait du bien!


Quelques citations...
page 52 : "C'est l'un des problèmes principaux du droit social : de même que la loi de 1843 contre la travail des enfants n'a été d'aucun effet pendant un demi-siècle, faute d'une Inspection du travail efficace, de même la loi qui impose des délais brefs à la justice sociale est de nul effet quand le manque de personnel conduit un conseil de prud'hommes à juger en deux ce qu'il devrait expédier dans le mois d'après la loi."
page 94 : "On mesure en correctionnelle, dans les affaires d'accident du travail, à quel point l'absence du ministère public devant le TASS est défavorable aux victimes"
page 183 : "Le Conseil d'Etat lui-même, dans une étude intitulée "L'avenir des juridictions spécialisées dans le domaine social", avait déjà souligné en 2004 l'état très insatisfaisant de ces juridictions administratives et judiciaires : écartèlement des compétences, procédures non précisées par les textes, absence de véritable greffe assurant le respect du contradictoire, insuffisance des moyens, délais de jugement excessifs. Le Conseil d'Etat préconisant alors déjà des réformes."
page 191 : "J'ai vu ailleurs une CDAS présidée par un juge arrivant en retard à l'audience. "On commence?" Et signant aussitôt, sans le lire, le premier projet de décision, en haut de la pile de trente projets que le fonctionnaire qui les avait préparées lui présentait... Les dix premières affaires, concernant toutes les demandes d'aide médicale d'Etat, presque toutes par des étrangers, furent expédiées en moins d'une demi-heure, et je suis sorti avant la fin, tant cet abattage me choquait."
page 207 : "J'ai pu observer l'effroyable carence de l'assistance juridictionnelle devant les juridictions sociales qui n'ont pas, comme les juridictions pour mineurs, l'obligation d'assurer l'assistance d'un avocat."
page 279 : "Les juridictions sociales sont maltraitées parce qu'elles sont à la fois la justice des pauvres et les parentes pauvres d'une justice judiciaire elle même pauvre"
page 294 : "Je crois fermement que si la France a été jadis capable de ces prouesses dans des domaines aussi différents que l'éducation, la conquête spatiale et la construction de l'arme nucléaire, elle peut en accomplir aujourd'hui et demain pour la justice."
page 296 : "On voit à travers ces études que la France est très en retard par rapport à ses voisins européens et particulièrement à l'Allemagne. Le budget total annuel approuvé à la justice dans son ensemble en 2010 en Allemagne représente le double de celui de la France!"

samedi 1 mars 2014

Le déclin de l’empire Whiting

Richard Russo

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Le sujet (source : amazon)

Bienvenue à Empire Falls, dans le Maine, autrefois puissant centre industriel à présent livré à la faillite et l'ennui. Miles Roby, le gérant du grill, nous guide dans cet univers de petites misères et grande décadence où tout le monde se connaît et où Mrs Whiting, incarnation tyrannique d'un passé prospère, règne en maître. Témoin d'une galerie de personnages drôles et bouleversants, hanté par le souvenir de sa mère, il se débat entre sa future ex-femme, son adolescente de fille, et son père, imprévisible et abusif. La découverte de lourds secrets de famille va bientôt bouleverser sa vie. Les histoires se mêlent dans cette fresque romanesque, prix Pulitzer 2002, où Richard Russo dresse avec humour et tendresse le portrait de l'Amérique d'aujourd'hui.

Mon avis : gros coup de coeur

Quel livre! Une merveille.

Richard Russo nous donne rdv à Empire Falls, une petite ville qui autrefois fut pleine de vie grâce à ses usines textiles, mais qui aujourd’hui est à l’abandon.
Le peu d’habitants qui y reste se connaissent tous, et l’histoire se répète entre les générations.
Les parents espèrent une autre vie pour leurs enfants qui à leur tour deviennent parents, vivotent et travaillent à Empire Falls en espérant un avenir meilleur pour leur progéniture.
C’est l’histoire de Miles, pour qui cela avait pourtant bien commencé. Il était brillant, parti faire des études à l’université mais de retour à Empire Falls suite à un drame familial. Sur son lit de mort, sa mère refuse de le regarder, lui ordonnant de partir, de quitter cette ville, de faire autre chose de sa vie.
Et pourtant, des dizaines d’années plus tard, Miles est toujours là. En court de divorce avec sa future ex-femme, dingue de sa fille Tick, et secrètement amoureux de sa serveuse depuis qu’il a 17 ans.
Ce livre est un pavé. Et jusqu’aux 2/3 du livre, il ne s’y passe rien. Mais il vous envoûte, vous passionne. On est pris dans cette ambiance qui nous enveloppe.

Et puis soudain, quand on ne s’y attend plus, un drame est révélé à Miles, et là, tout s’accélère. La journée n’est plus assez courte pour lire! J’ai terminé les 200 dernières pages dans le train en priant pour que mon train arrive en retard afin que je puisse terminer le livre car impossible pour moi de quitter mon fauteuil sans savoir la fin!

Une écriture à couper le souffle, une histoire passionnante bien qu’il ne se passe rien. C’est dingue non? Bref, un prix Pullitzer bien mérité!

La petite communiste qui ne souriait jamais

Lola Lafon
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Le sujet (source : amazon)
Retraçant le parcours d une fée gymnaste, qui, dans la Roumanie des années 1980 et sous les yeux émerveillés de la planète entière, vint, en son temps, mettre à mal guerres froides, ordinateurs et records, ce roman est le portrait d’une enfant, puis d’une femme, évadée de la pesanteur, sacralisée par la pureté de ses gestes et une existence intégralement dévolue à la recherche de la perfection. En mettant en exergue les dévoiements du communisme tout autant que la falsification, par les Occidentaux, de ce que fut la vie dans le bloc de l’Est, ce récit, lui-même subtilement acrobate, est aussi une passionnante méditation sur l’invention et l’impitoyable évaluation du corps féminin.
Mon avis : Coup de Coeur

Coup de cœur de ce début 2014.
J'ai adoré ce livre dans lequel j'ai découvert la magnifique Nadia Comaneci, que je ne connaissais en fait que de nom.
Le livre nous plonge dans la vie de cet enfant extraordinaire qui semble née pour ce sport. Avec l'aide de Bela, son entraîneur, elle va se hisser en haut des plus grands podiums mondiaux.
On découvre une enfant qui ne regrette rien de son enfance que l'on pourrait aujourd'hui considérer comme sacrifiée, empêchée de manger ou de boire (elles buvaient l'eau des toilettes avant d'aller faire pipi en cachette) à son envie, maltraitée quand elle grandit, qu'elle a ses règles et que naturellement elle prend du poids et de la poitrine. Mais pour elle, cela lui a permis de sortir de la normalité : grâce à cela, elle a fait le tour du monde et est mondialement reconnue.
J'ai aussi découvert sa fuite vers les Etats Unis juste avant la chute de Ceausescu, les critiques qu'elle a essuyé quand on la découvre "grosse", "moche" car elle n'est plus cet enfant asexué qu'elle a été et qui a émerveillé la planète entière après les JO de Montréal.
J'ai adoré les propos prêtés par l'écrivaine à Nadia (que Nadia n'a jamais dit puisque ce livre est une fiction) sur la vie en Roumanie sous Ceausescu : oui la vie était dure mais finalement, que ces gens ont-ils gagné avec la démocratie Occidentale? A l'époque les supermarchés étaient vides ils ne pouvaient donc rien acheter mais à présent les supermarchés sont vides mais les gens sont pauvres et le résultat est donc le même...
Bref, ce livre est une découverte, je l'ai dévoré en 3 jours. L'écriture est précise, fluide, c'est un régal.
A mettre entre toutes les mains!