vendredi 26 décembre 2014

Lire Lolita à Téhéran

Azar Nafisi


Le sujet 

Azar Nafisi est d'origine Iranienne.
Avant de fuir l'Iran pour les Etats Unis, elle a longtemps enseigné la littérature anglo saxonne à l'université de Téhéran, et a vécu l'avant/pendant/après Révolution.
Madame Nafisi nous raconte donc la Révolution Islamique Iranienne au travers de son métier de professeur.

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup

Ce livre est bouleversant.
Extrêmement bien écrit (et traduit), j'y ai énormément appris.

Tout d'abord sur des livres que j'avais déjà lu sans approfondir (notamment Orgueil et Préjugés de Jane Austen) grâce aux extraits de cours retranscrits dans le livre.
Mme Nafisi nous parle ainsi de Lolita de Nabokov (que je n'avais pas lu mais pour le coup, le thème est tellement terrible que je ne le lirai pas!), de Daisy Miller de Henry James, de Gatsby de Francis Scott Fitzgerald et d'Orgueil et Préjugés.


Enfin et c'est ce que j'ai préféré, sur l'histoire de la révolution islamique en Iran.
Je ne savais que très peu de choses sur le sujet et ce livre nous raconte étape par étape ce qui s'est passé. Avec la page Wikipedia dédiée au sujet à côté, on recolle tous les morceaux et on suit bien la chronologie.

J'ai vraiment pris conscience de l'horreur de ce régime à ses débuts (et pas qu'à ses débuts), particulièrement envers les femmes.
Madame Nafisi lutte tout d'abord, refuse de se plier à ce gouvernement et continue d'enseigner cette littérature occidentale décadente.
Puis devant les menaces, et suite à son renvoi de l'université elle abandonne et se consacre à la lecture.

Une émissaire de l'université Tabatai de Téhéran, supposée libérale, vient la chercher afin qu'elle reprenne l'enseignement de la littérature anglo-saxonne. Mme Nafisi hésite, puis accepte, décidant de ne pas se laisser intimider par le régime islamique alors en place.
Elle rencontre lors de ses cours des jeunes femmes issues de tous les milieux et d'histoires différentes, et décide de les réunir tous les jeudis lors de séminaires.
Mme Nafisi nous raconte leurs histoires, leurs réunions, leurs chagrins d'amour, leurs frustrations vis à vis du régime. On plonge alors totalement dans la vie de ces femmes.

Extraits

Page 116
Le pire des crimes que commettent les systèmes totalitaires est de forcer tous les citoyens, y compris ceux qu'ils emprisonnent, torturent et exécutent, à devenir complices de leurs crimes. Il n'y a rien de plus terrible que de danser avec ses géôliers, de participer à sa propre exécution. Voilà à quoi assistaient mes étudiantes quand elles regardaient les procès retransmis à le télévision, voilà ce qu'elles vivaient elles même chaque fois qu'elles sortaient dans la rue habillées comme on leur disait de le faire. Elles n'allaient pas avec la foule assister aux exécution, mais elles ne pouvaient pas non plus exprimer leur désapprobation.
Il n'y a qu'une façon de sortir du cercle, d'arrêter de danser avec le géôlier. Il faut trouver le moyen de préserver sa propre individualité, cette qualité unique qui échappe à la description, mais différencie un être humain d'un autre. Voilà pourquoi dans ce genre de monde les rituels, des rituels vides, deviennent centraux.

Page 212 - Tentative de fermeture des universités au début de la révolution islamique
Pour empêcher sa fermeture, les étudiants occupèrent l'université. Ils y restèrent jusqu'à ce qu'on les en expulse, dans ce qui se termine presque, bien que seules les forces du gouvernement fussent armées, en un combat sanglant au cours duquel la milice et les gardiens de la révolution envahirent le campus. (...) 
Peu après, les représentants du gouvernement réussirent à fermer les universités. Ils éliminèrent des professeurs, des étudiants et de membres du personnel. D'autres disparurent simplement. L'université de Téhéran était devenu le lieu de trop de déception de chagrins, de blessures.

Page 221 - La Guerre Iran-Irak
La guerre est arrivée un matin, soudaine, inattendue.
Elle a été annoncée à la radio le 23 septembre 1980. (...)
Qu'est ce qui a entraîné la guerre?
Etait-ce l'arrogance des révolutionnaires islamistes qui passaient leur temps à provoquer les régimes du Moyen Orient qu'ils déclaraient réactionnaires et hérétiques, et incitaient les peuples de es nations à se soulever contre leurs dirigeants? Etait-ce l'animosité particulière dont le nouveau régime iranien faisait preuve envers Saddam Hussein qui avait expulsé l'ayathollah Khomeyni d'Irak à la suite d'un accord qu'il aurait passé avec le Chah?
Etait-ce la vieille hostilité qui régnait entre Irak et Iran et le fait que les Irakiens, auxquels les Occidentaux, hostiles au nouveau gouvernement révolutionnaire iranien avait promis de l'aide, avaient rêvé d'une victoire aussi facile que rapide?

Page 223 - La guerre Iran-irak
Au début, elle sembla réunir le pays au delà de ses divisions internes. Nous étions tous des Iraniens, et nos voisins nous attaquaient. Beaucoup d'entre nous, pourtant, n'avaient pas le droit de participer pleinement, à la lutte contre l'ennemi qui menaçait notre patrie.
Du point de vue du régime, l'Irak de Saddam Hussein n'avait pas simplement attaqué l'Iran. Ils s'en étaient pris à la République Islamique . C'était donc à l'Islam qu'il déclarait la guerre.

Cette polarisation sur l'aspect religieux du conflit rendait confus jusqu'au moindre aspect de la vie quotidienne. Ces forces de Dieu ne combattaient pas qu'un seul émissaire de Satan, à savoir l'Irak de Saddam Hussein, mais tous les agents du Malin qui se trouvaient aussi à l'intérieur du pays.
Jamais, du début de la révolution jusqu'à la fin de la guerre et même ensuite, le régime islamique n'oubliera sa sainte bataille contre les ennemis internes. Toute forme de critique était maintenant considérée comme inspirée par les Irakiens et dangereuse pour la sécurité nationale. Les groupes ou les individus qui n'étaient pas loyaux à l'Islam prôné par le régime se retrouvaient exclus de l'effort de guerre.

Page 234
Il ne fallut pas longtemps au gouvernement pour faire instaurer une nouvelle réglementation qui limitait la liberté des femmes en matière d'habillement et les obligeait à porter le tchador ou la longue robe et le foulard.
L'expérience avait prouvé que ces dispositions ne seraient suivies que si elles étaient imposées par la force. Du fait de l'opposition écrasante des femmes à ces lois, le gouvernement les fit d'abord appliquer sur les lieux de travail, puis dans les boutiques où vendre à une femme voilée devint interdit.
Toute désobéissance était punie d'amende, de flagellations pouvant aller jusqu'à 76 coups de fouet, et de peines de prison. Plus tard le gouvernement créa les célèbres brigade de l'ordre moral. Quatre hommes ou femmes patrouillaient dans les rues en Toyota pour veiller à l'application de la loi.

Page 331 - La mort de Khomeyni
Moins d'un an après l'accord de paix, le samedi 3 juin 1989, l'ayatollah Ruhollah Khomeyni mourut. (...)
Avant de rendre la nouvelle publique, le gouvernement avait pris la précaution de fermer les aéroports, les frontières, et les lignes téléphoniques internationales. (...)
Ma fille qui avait alors 5 ans, regardait par la fenêtre. Soudain, elle se retourna et cria "Maman, maman, il n'est pas mort! Les femmes portent encore le foulard!! Depuis, j'ai toujours associé la mort de Khomeyni à cette phrase de Negar, car elle avait raison. Il ne sera vraiment mort que le jour où les femmes ne porteront plus toutes le foulard dans la rue. Alors seulement cette révolution prendra fin. Jusque là, nous continuerons à vivre avec lui. 
Le gouvernement décréta cinq jours de deuil national et quarante jours de deuil officiel. Les écoles et les universités furent fermées.

Page 338
Au début de la révolution, le bruit avait couru qu'on pouvait voir sur la lune le portrait de Khomeyni. Beaucoup de gens, mêmes cultivés, finirent par le croire. Ils l'avaient vu sur la lune. L'ayatollah avait fabriqué des mythes, en toute connaissance de cause. Il s'était lui même transformé en légende. C'était en fait la mort d'un rêve que les gens pleuraient lorsqu'ils se décida enfin, à disparaître, car après la défaite et le désenchantement, mourir était la seule chose qui lui restait à faire.

Seconde Fondation

Isaac Asimov



Le sujet 

Suite aux aventures du deuxième tome, "Fondation", la Fondation est dorénavant aux mains du Mulet, un mutant au pouvoir de manipuler l'esprit des gens.
Mais déjà une nouvelle légende prend forme... une seconde fondation existerait capable de venir en aide à la première fondation tombée dans son escarcelle.
Le Mulet décide donc de partir à la recherche de cette Seconde Fondation qui représente finalement l'unique menace.

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup

Rien à dire en plus du fait que ce livre, qui termine le cycle initial de Fondation est un véritable chef d'oeuvre.
J'adore!

Fondation et Empire

Isaac Asimov


Le sujet 

Suite aux aventures du premier tome, "Fondation", la Fondation est devenue extrêmement puissante et indépendante.
Et pourtant, il semble qu'un sombre mutant qui se fait appeler "Le Mulet" représente un grand danger pour la Fondation, et pis, que le grand Harry Seldon n'aurait pas prévu cette menace...

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup

Je reste une fois de plus scotchée par le talent d'Asimov.
Ce 2e tome est je pense encore meilleur que le 1er.

Asimov s'attarde plus sur les personnages auxquels on s'attache véritablement, et l'histoire est extrêmement prenante.
La fin nous donne immédiatement envie d'attaquer le 3e et dernier tome de la saga!

UN REGAL!

Fleur de neige

Lisa See

Le sujet 

Fleur de Neige et Fleur de Lis sont deux jeunes filles issues de milieux différents.
Fleur de Neige est fille de paysan, tandis que Fleur de Lis est issue d'une famille aisée d'une grande ville proche. Elles ne sont donc pas vouées à se rencontrer.
Et pourtant, lors de la cérémonie de préparation du bandage des pieds, le sage du coin assure que Fleur de Neige sera dotée de pieds magnifiques et parfaits lorsqu'ils seront bandés. Fleur de Neige est donc vouée à un bel avenir puisque cela lui permettra de s'extirper de sa condition de paysanne. L'entremetteuse de la région décide donc, de lui trouver une Laotong, ou âme soeur, issue d'un milieu plus aisé, afin de lui enseigner les rudiments de la vie d'une fille de la ville.
C'est ainsi que Fleur de Neige et Fleur de Lis vont se rencontrer, et apprendre à s'aimer.
Le roman nous permet de suivre ces deux filles dans leur éducation, puis leurs mariages respectifs, et leurs vies de femmes.

Mon avis

J'ai aimé... assez

Très clairement, ce livre ne fut pas un coup de coeur. Mais j'en garde tout de même un assez bon souvenir.
Les 50 premières pages furent très difficiles à lire. Lisa See nous fait véritablement partager les souffrances atroces de ces jeunes filles lors du bandage de leurs pieds. J'ai vraiment du me forcer à avancer pour ne pas arrêter la lecture du livre.
Une fois cela passé, je vous rassure, plus de passage difficile de ce type!

Le livre est très bien écrit (et très bien traduit) et je n'attendais pas du tout les retournements qui apparaissent tout au long de l'ouvrage, chose rare dans mes lectures.
J'y ai beaucoup appris sur le sort des femmes en Chine au XIXe siècle ainsi que sur la vie de société à l'époque de manière générale.
Bref, un ouvrage intéressant mais je reste un peu déçue de cette lecture au regard de l'enthousiasme de la communauté Babelio pour ce livre.

jeudi 11 décembre 2014

Les Apparences

Gillian Flynn


Le sujet (éditeur)


Amy et Nick forment un jeune couple New Yorkais exhilé dans un trou paumé des Etats Unis pour prendre soin de la mère mourrante de Nick et de son père atteint d'Alzheimer.
Mais ils ne sont pas heureux. Ils ne sont plus heureux.
Et un jour, alors que Nick est au bar qu'il tient avec sa soeur jumelle Go, il reçoit un coup de téléphone de son voisin qui s'inquiète de voir son chat se balader sur le palier extérieur de la maison.
Nick rentre chez lui... découvre son salon sans dessus dessous et que sa femme est portée disparue.

Le film retrace leur histoire passée (depuis la rencontre jusqu'aux heures qui précèdent la disparition) racontée par Amy dans ce qui semble être un journal intime, et ce qui suit la disparition de Amy vécu par Nick.

Mon avis

J'ai aimé... pas du tout

Ce livre fut pour moi un poids dans mon sac pendant 2 semaines. J'ai été incapable d'avancer convenablement (càd comme à mon habitude quand je lis un livre) tellement il me pesait d'en reprendre la lecture.
J'ai été très gênée par l'écriture, un français parlé mais pas comme je parle (il me semble que je m'exprime normalement), une langue avec très peu de vocabulaire, et franchement vulgaire par moment.
De plus, le livre est extrêmement bavard, tellement de phrase, des lignes et des lignes pour rien... Je me suis ennuyée. D'ailleurs, passé la page 500 je ne lisais qu'une phrase par paragraphe et uniquement les conversations pour aller plus vite. Cela m'a permis de terminer le livre dans la soirée car je n'en pouvais plus.
Et que dire du scénario... Pour ne pas spoiler je ne révèlerai rien mais j'ai vu venir le 1er rebondissement qui apparaît au milieu du livre à des kilomètres. Ce n'est pas original du tout! Quant à la façon dont tout cela tourne sur la 2e partie du livre cela me fait l'effet d'un travail bâclé, qu'il fallait terminer en vitesse.
Bref, je ne conseille pas la lecture de ce livre.

mercredi 29 octobre 2014

La Bible au féminin : Sarah (tome 1)

Marek Halter



Le sujet (éditeur)


Fille d'un riche marchand, lettrée, dotée d'un fort tempérament, Sarah refuse le mariage que lui a arrangé son père. Elle s'enfuit et rencontre le jeune Abraham, un étranger pauvre qu'elle va aimer. Afin de se rendre provisoirement impropre aux épousailles voulues par sa famille, elle avale une drogue qui, trop fortement dosée, la rend stérile. Elle devient prêtresse d'Ishtar, déesse de la Guerre. Sa beauté la destine à être déflorée par le roi, en une cérémonie sacrée. Alors Abraham l'enlève, et la saga biblique commence...Tandis qu'Abraham poursuit son dialogue avec le Dieu Unique et Invisible, pour une alliance entre Lui et les Hommes, Sarah se bat afin d'imposer sa place dans une société qui méprise les épouses au ventre sec. Elle traverse les épreuves de la stérilité – l'adoption, la jalousie envers la mère porteuse qu'elle a pourtant choisie, la conception inespérée – jusqu'au moment où elle reconnaît enfin la puissance du Dieu d'Abraham. Il lui permet alors de mettre au monde un fils, Isaac.

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup 

J'ai passé un bon week-end en compagnie de Marek Halter et de Saraï. C'était une très belle surprise. J'ai découvert avec Marek Halter une partie de la Bible, puisque n'y connaissant rien, j'ai tout à découvrir!
Et ce fut très agréable. L'auteur a le don de raconter l'histoire de cette femme au destin incroyable en la transposant dans la réalité d'aujourd'hui : je pense notamment à la stérilité dont fait l'objet notre héroïne.
On retrouve évidemment également les grands thèmes intemporels : l'amour, la jalousie, les croyances entre autres.
Je n'ai pas envie d'en dire plus, et je vous invite à découvrir à votre tour ce petit livre fort intéressant.

dimanche 26 octobre 2014

Requiem pour une révolution

Robert Littell



Le sujet


Alexander Til est Russe de naissance. Il fuit très jeune la Russie pour les Etats Unis, accompagné de son père et de son frère.
En 1911 à New York où il vit, il s'insurge contre les injustices sociales dont la classe sociale des travailleurs fait les frais tous les jours. Son père et son frère mourront de ce capitalisme lancé à pleines vitesse au début du XXe siècle, qui ne fait que peu de cas de cette main d'oeuvre bon marché et corvéable à merci.
Trosky vit également à New York, Lénine quand à lui est en exil à Paris.

En Russie, depuis le Dimanche Rouge de 1905, de plus en plus de grèves éclatent, et particulièrement en 1910 et 1911. Les Bolcheviks ont alors de plus en plus d'audience chez les travailleurs Russes.
Alexander sent la révolution arriver en Russie, et il veut y participer. Ce n'est pas opportuniste, c'est un idéologiste. Il souhaite le pouvoir par le peuple afin de libérer le peuple des capitalistes.
Catalogué comme communiste aux Etats Unis, il y est en danger et décide donc de rejoindre son pays natal, à l'aide de Trotsky et accompagné d'un ami Russe exilé comme lui, Atticus Tuohy.
Alexander, Atticus et Trotsky réussissent à partir en 1917 pour Petrograd.
La révolution  de février débute alors tout juste et sera suivie de la révolution d'octobre qui aboutira sur l'abdication du tsar Nicolas II et la grande guerre civile Russe.

Nous accompagnons Alexander Till, dans cette Russie qui traversera les révolutions, la mise en place du pouvoir Bolchevik, la mort de Lénine et la prise de pouvoir de Staline, les grandes purges Stalinienne et la Grande Terreur.

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup


Tout d'abord, merci beaucoup à Babelio ainsi qu'à l'éditeur BakerStreet de m'avoir donné l'opportunité de lire cet ouvrage, via le dispositif de Masse Critique.
Je suis une grande fan de Robert Littell et je suis vraiment ravie d'avoir eu l'opportunité de ce livre initialement paru 1989 et réédité par Baker Street cette année. 

Je dois dire que cette lecture fut longue. 500 pages en grand format, l'équivalent d'un 900 pages en poche je pense.
Pour autant, je me suis régalée. Je suis une passionnée d'histoire et ce roman m'a donné l'occasion de me replonger dans l'histoire de la Russie du XXe siècle, que j'avais un peu oubliée depuis mes cours de terminale!
Attention, aux grands fans d'histoire, ce roman est un mélange entre faits historiques indiscutables, et libertés prises par Robert Littell pour des besoins romanesques.
J'ai donc faits de nombreux allers retours avec Wikipedia afin de discerner le vrai du romanesque. 

Mais pour ma part j'ai adoré.
J'ai adoré accompagner Alexander dans son cheminement de pensée, arrivé idéologiste en Russie pour instaurer le communisme et sauver le peuple, et qui au fur et à mesure des années découvre l'horreur du régime communiste instauré par Lénine puis Staline. 
Nous vivons avec Alexander : 
- l'horreur de la guerre, 
- les purges où l'on assassine les ingénieurs (entre autres) parce qu'ils ne travaillent pas suffisamment vite et que l'on accuse donc de complot anti-communiste,
- les purges où l'on assassine également les enquêteurs chargés d'accuser les ingénieurs (là encore je reprends mon exemple) parce qu'ils n'arrivent pas à prouver suffisamment rapidement que les ingénieurs sont coupables de complot (oui on marche sur la tête),
- les purges des intellectuels et de toute personne pensant différemment des Bolcheviks,
- la famine je pense involontaire mais néanmoins organisée par le gouvernement car n'y connaissant rien en agriculture, organise la confiscation des semences aux "capitalistes propriétaires de terre" qui du coup, n'ont plus rien à planter en terre pour l'année d'après,
- l'alimentation faite de chats (errants ou domestiques, beurk) et le cannibalisme ( beurk beurk) nécessaires pour survivre pendant des années, 
- la rencontre avec les enfants sauvages, pauvres gosses orphelins dont les familles ont été décimées par les purges, qui s'organisent entre eux pour tuer les adultes qui n'ont rien à leur donner à manger...
- et tant d'autres choses...

Bref, un roman long et difficile! Mais néanmoins un excellent roman à découvrir...

Et rien d'autre

James Salter



Le sujet (éditeur)

La seconde guerre mondiale vit ses derniers instants. Sur un porte-avions au large du Japon, le jeune officier Philip Bowman rentre à New York. Embauché dans une maison d'édition, il devient directeur littéraire et fréquente l'intelligentsia new yorkaise. Entre splendeurs du monde des lettres, relations amoureuses et passions charnelles, Et rien d'autre nous plonge dans quarante années de la vie d'un homme, et déploie magistralement le spectre de toute une génération, dans sa gloire et ses échecs.

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup

Séduite par les critiques unanimes de mon émission littéraire favorite, Le Masque et la Plume, le qualifiant de plus beau livre de cette rentrée littéraire, j'ai cassé ma tirelire pour acheter ce livre en grand format.

Sans être le chef d'oeuvre auquel je m'attendais, Et rien d'autre est un beau livre effectivement. Il ne s'y passe pas grand chose. Mais qu'est-ce que c'est bien...
C'est un peu la caricature souvent faite de l'émission le Masque et la Plume : "c'est bien mais qu'est ce que c'est chiant..." ou "c'est chiant mais qu'est ce que c'est bien...".
Voilà! Tout est dit! L'histoire est celle d'un homme comme il y en a tant d'autres aux Etats Unis, qui se marie, dont le mariage ne tient pas, qui rencontre d'autres femmes, tombe amoureux, une vie quoi! 

Rien d'extraordinaire, rien de bien réjouissant, rien de triste non plus. 
C'est juste fluide, et tellement agréable à lire... L'écriture, et la traduction puisque je l'ai lu en français est superbe.

Bref, un très bon livre pour passer quelques bonnes soirées de lecture.

Critiques du livre dans la presse :
France culture : http://www.franceculture.fr/oeuvre-et-rien-d-autre-de-james-salter
Le Point : http://www.lepoint.fr/culture/james-salter-chasseur-de-bonheur-dans-et-rien-d-autre-23-10-2014-1875059_3.php
Télérama (of course!) qui lui attribue TTT: http://www.telerama.fr/livres/et-rien-d-autre,115799.php
L'excellent NY Times : http://www.nytimes.com/2013/04/28/books/review/all-that-is-by-james-salter.html?pagewanted=all&_r=0
The Guardian : http://www.theguardian.com/books/2013/may/11/all-that-is-salter-review

L'attrape-coeurs

J.D. Salinger



Le sujet (éditeur)


Phénomène littéraire sans équivalent depuis les années 50, J. D. Salinger reste le plus mystérieux des écrivains contemporains, et son chef-d'oeuvre, "L'attrape-coeurs", roman de l'adolescence le plus lu du monde entier, est l'histoire d'une fugue, celle d'un garçon de la bourgeoisie new-yorkaise chassé de son collège trois jours avant Noël, qui n'ose pas rentrer chez lui et affronter ses parents. Trois jours de vagabondage et d'aventures cocasses, sordides ou émouvantes, d'incertitude et d'anxiété, à la recherche de soi-même et des autres. L'histoire éternelle d'un gosse perdu qui cherche des raisons de vivre dans un monde hostile et corrompu.


Mon avis

J'ai aimé... pas du tout! Abandonné!

Mais quelle déception!

Ce livre m'attendait depuis quelques années dans ma bibliothèque.

Mon club de lecture m'a donné l'opportunité de me lancer. Je n'ai pas pu aller au delà de la page 120. 


Ce n'est pas l'histoire elle même qui m'a rebutée. Bon le personnage principal ne me plaît pas du tout c'est clair, cet espèce de menteur pathologique m'énerve.
Mais je serai volontiers allée au bout du livre... si seulement la traduction n'était pas aussi horripilante.


Non mais franchement, de qui se moque-t-on? 

Une copine du club de lecture a très bien résumé la chose : j'ai eu l'impression d'être dans le prince de bel air...
Une autre copine du club de lecture, elle aussi choquée du français a fait quelques recherches... d'autres blogueurs se sont déjà penchés sur l'affaire. 

http://palimpsestes.revues.org/478

L'anglais original n'est en rien choquant, pas, c'est même plutôt bien écrit, tout en restant un vocabulaire et une grammaire digne d'un adolescent.
Mais alors en français, rajouter des "because" à toutes les sauces, des phrases grammaticalement fausses, des verbes qui manquent, un vocabulaire des années 80. C'est un massacre!


Oui, comme vous pourrez le constater, je suis scandalisée par cette traduction de m****!

Bref, si vous lisez l'anglais lisez le VO, c'est vraiment un anglais "de bas étage" puisque censé être écrit pas un ado. Mais pour la version française, franchement, passez votre chemin.

Le château des Pyrénées

Jostein Gaarder



Le sujet

Roman épistolaire, Le Château des Pyrénées retrace les longues discussions entre Steinn et une Solrun, qui se sont aimés lorsqu'ils étaient jeunes, se sont séparés suite à un événement mystère qui ne sera révélé qu'à la fin du livre, puis se sont retrouvés par hasard bien des années plus tard.
Ils décident donc de reprendre contact par mails interposés, et exposent leurs différences de vision de la vie. Solrun est assez mystique tandis que Steinn est un rationaliste athée.

Mon avis

J'ai aimé... assez

Petit livre très intéressant sous forme de dialogues entre deux conceptions différentes de la vie. La première moitié du livre n'est qu'une explication de la différence de point de vue finalement. Quelques éléments viennent nous titiyer, sur les raisons pour lesquelles ce couple tellement fusionnel a bien pu se séparer. Et plus la lecture passe, plus on en apprend sur cette rencontre en haut de la montage, raison de la séparation du couple, mais sans avoir le fin mot de l'histoire. La question devient obsédante pour le lecteur : mais que s'est-il passé en haut de cette montagne?!
La deuxième partie du livre nous raconte toute l'histoire dans ses moindres détails. Pour le coup c'est peut être un peu long! 
Bon pour ma part, étant très rationnelle comme Solrun, je n'ai pas cru en ce mystère en haut de la montagne. Solrun s'en fait une explication rationnelle qui ne me convient pas du tout. Mais qu'importe!
Ce livre restera un bon souvenir ; par un après midi pluvieux j'ai passé quelques heures agréables à lire finalement un livre qui n'est rien d'autre que de la philosophie.
Et cela m'a donné une grande envie de lire "Le Monde de Sophie" du même auteur.

Marx, une biographie dessinée

Corinne Maier - Anne Simon



Le sujet

Une petite BD qui nous raconte l'histoire de la vie de Marx, ainsi que le processus de rédaction du fameux "Das Kapital".

Mon avis

J'ai aimé... sans plus

Tout pareil que pour la BD "Freud, une biographie dessinée" des mêmes auteures.
Petite lecture sympathique (20 minutes pas plus!) sur la vie de Marx.
La BD est à la 1ere personne : Marx nous raconte son histoire, son cheminement de pensée depuis son enfance jusqu'à sa mort.

On effleure seulement ses théories économiques qui lui sont associées encore aujourd'hui, ce qui fait que finalement, on apprend rien...

Freud, une biographie dessinée

Corinne Maier - Anne Simon



Le sujet

Une petite BD qui nous raconte l'histoire de la vie de Freud, ainsi que l'histoire de la création de la psychanalyse.

Mon avis

J'ai aimé... sans plus

Petite lecture sympathique (20 minutes pas plus!) sur la vie de Freud.
La BD est à la 1ere personne : Freud nous raconte son histoire, son cheminement de pensée depuis son enfance jusqu'à sa mort.

On effleure seulement ses théories psychanalytiques qui lui sont associées encore aujourd'hui, ce qui fait que finalement, on apprend rien...

vendredi 19 septembre 2014

Le maître des illusions

Donna Tart


Le sujet (éditeur)


En décrochant une bourse à l'université de Hampden, dans le Vermont, Richard Papen ne laisse pas grand chose derrière lui : la Californie, qui lui déplaît ; son adolescence, faite de souvenirs incolores ; et ses parents, avec qui il ne s'entend pas. Hampden est une porte de sortie inespérée, l'opportunité de vivre une nouvelle vie. Passées quelques semaines, il est bientôt attiré par un professeur atypique, Julian Morrow, esthète capricieux qui enseigne les lettres classiques à cinq étudiants apparemment très liés. Contre l'avis de ses professeurs, il tente de s'introduire dans le groupe de ces jeunes gens marginaux sur qui courent les plus folles rumeurs. Et il est loin d'imaginer ce que lui coûtera sa curiosité.

Mon avis

J'ai aimé... sans plus

Je suis déçue par cette lecture qui d'après les critiques aurait du être géniale.

Que ce livre est long... 300 pages pour tuer un homme non mais franchement!
Dites vous que ce livre fait tout de même 700 pages et que sur ces 700 pages, il se passe deux évènements : le meurtre de Bunny qui arrive à peu près au milieu (je ne spoile rien c'est écrit au tout début), ainsi qu'un autre retentissement qui arrive 40 pages avant la fin. Et c'est tout... Le reste n'est que description d'un groupe de jeunes complètement fous qui justifient leur acte par la méchanceté de Bunny...

Et puis je ne me suis pas du tout identifiée aux personnages. 
Quel étudiant normalement constitué qui s'est battu pour obtenir une bourse et faire des études afin de se désolidariser du destin de sa famille, prend le risque d'étudier sous la direction d'un illuminé, après de nombreuses mises en garde d'autres professeurs, et d'élèves?! 
Car c'est dont il s'agit tout de même : un étudiant qui malgré les mises en garde se coupe complètement de l'enseignement de l'université, n'étudie qu'avec un seul et unique professeur détesté de ses paires, avec un tout petit groupe d'étudiants... 
De la part des autres personnages riches et qui peuvent du coup faire un peu ce qu'ils veulent (s'ils veulent ils pourront reprendre des études après, pour eux ce ne sera pas un sacrifice), mais pour le narrateur c'est impensable!

ATTENTION SPOILER. Et quid de la relation entre les jumeaux?! Ca n'a choqué personne, que ça sorte comme ça du chapeau? Et que ça fasse rire les membres du groupe plutôt que d'être franchement dégouté et de se dire, ils ont besoin d'aide comme n'importe quelle personne normale? FIN DU SPOILER

Bref, je l'ai lu, très rapidement car je voulais en finir vite et passer à autre chose, et j'en sors sceptique. 
Je lui attribue 3 étoiles car je considère recommander un livre si je lui attribue 4 ou 5 étoiles. Le livre n'est pas mauvais, il est bien écrit, bien traduit, mais je l'oublierai vite (heureusement!). De mon point de vue, il est sans grand intérêt en fait.

Qu'en sera-t-il de Chardonneret qui trône dans ma bibliothèque en attendant que je le lise? Après cette déception, il me faudra du temps avant de me lancer.

Au fait, si quelqu'un pouvait m'éclairer sur le titre j'apprécierais, car vraiment, le maitre des illusions, je ne vois pas du tout le rapport avec le livre!

lundi 15 septembre 2014

American Darling

Russel Banks



Le sujet

Hannah Musgrave est une jeune américaine issue d'une famille bourgeoise.
Fille du Françoise Dolto masculin et américain, elle est voue à un grand et brillant avenir.
Mais Hannah en décidera autrement. Quelques semaines avant le passage de son examen finale de médecine à Harvard, Hannah décide d'abandonner ses études et de rentrer dans la clandestinité pour l'association Weather Underground, collectif américain de lutte pour les droits civiques.
Hannah prépare des faux passeports et prépare des bombes. 
Et puis un jour, fatiguée de ces années cachée, à mentir, Hannah decide de suivre son amant occasionnel pour partir en Afrique.
Elle finira au Libéria, où elle rencontrera et épousera un homme politique en vue, Mr Sundiata, et à qui elle donnera trois fils. 
Dix ans plus tard, c'est la guerre civile au Libéria et les pires atrocités s'enchaînent...
Hannah nous raconte tout cela depuis les Etats Unis où elle nous explique dès le début de son récit qu'elle y vit sans son mari et sans ses fils, restés au Liberia pendant la guerre.
Pourquoi est-elle rentrée? Pourquoi a-t-elle laissé ses fils au Libéria alors qu'une guerre faisait rage? 
Ce sont les questions auxquelles Hannah s'efforce de répondre, en demandant au lecteur de ne surtout pas juger.


Mon avis

J'ai aimé... à la folie
Un chef d'oeuvre

Voilà un livre qui restera dans mon coeur pendant un bon bout de temps.

Et pourtant, je dois bien avouer qu'il m'a été très difficile d'en venir à bout, tant l'histoire est dure, très dure, et ne manque pas de descriptions macabres.
Si comme moi, vous êtes une âme sensible, sachez que les scènes de torture et de souffrance humaine et animale ne manquent pas.
Mais cette histoire est tellement belle, tellement réelle (bien que ce soit une fiction enfin je crois), qu'on ne peut pas s'arrêter. 

Pourquoi cette femme a-t-elle abandonné ses enfants en pleine guerre civile au Liberia? Comment peut-elle vivre avec cela sur la conscience? Sans savoir s'ils sont morts ou vivants?
L'explication finale est incroyable, bluffante et tellement amère. 
Ce livre est une merveille. En plus de ce récit passionnant et touchant, j'y ai personnellement découvert l'histoire de ce petit pays du Liberia, que je ne connaissais pas du tout. Une histoire tellement tragique et méconnue.
Russel Banks nous livre ici un livre assez pessimiste sur l'avenir, une pépite, un véritable chef d'oeuvre.

Critique de Télérama : 
http://www.telerama.fr/livres/american-darling-de-russell-banks,26828.php

Critique d'un des chroniqueurs de la revue Lire : 
http://www.lexpress.fr/culture/livre/american-darling_810563.html

L'extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea

Romain Puértolas


Le sujet

Voici l'improbable histoire d'un Fakir qui débarque à Paris afin de s'acheter un lit à clou spécial Fakir!
Attache-Ta-Charue (c'est comme ça que le nom du Fakir se prononce) voyagera contre son grès de la France, à la Lybie en passant par l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie...
Je n'en dis pas plus, ce livre étant tellement court que j'ai peur de spoiler.

Mon avis

J'ai aimé... assez

Suite aux recommandations l'été dernier dans "Le Masque et la Plume" de Michel Crépu puis de Jérôme Garcin, je me suis ruée dans ma librairie afin d'acheter cet ouvrage.
Alors, je ne l'ai pas trouvé hilarant et génial comme deux de mes critiques favorites, mais j
'ai trouvé ce petit livre très sympathique. L'humour est facile mais efficace. J'ai bien rigolé, alors certes pas à gorge déployée, mais tout de même. C'était une lecture très agréable.

Pour apprécier ce livre, il est important de le lire rapidement, car une part importante de l'humour est dans le comique de répétition. Si on ne le lit pas d'une traite, on ne lit qu'une suite de scènes sans queue ni tête et pour le coup l'humour devient très lourd.
Bref, lecture très sympathique mais il ne faut pas s'éterniser dans la lecture.

dimanche 14 septembre 2014

Rome du libéralisme au socialisme

Philippe Fabry


Résumé (Amazon)

Au IIe siècle avant Jésus-Christ, le grec Polybe essayait de répondre à la grande énigme historique de l'époque : comment Rome s'était-elle si vite rendue maîtresse de l'univers ? Deux mille ans plus tard, l'anglais Edward Gibbon s'interrogeait, à l'inverse, sur les causes de son déclin et de sa chute.

De nombreuses théories ont été produites pour tenter d'expliquer cette catastrophe géopolitique. Chaque auteur s'attachant au sujet ou presque a proposé sa vision de la grande cause de la chute de l'Empire romain. 

La réponse de Gibbon est bien connue : la perte de la vertu civique des Romains, n'ayant plus envie de défendre leur empire, et notamment amollis par le christianisme et son détachement des espoirs terrestres. 

Bien d'autres réponses ont été proposées. Certaines avancent un élément précis censé bouleverser un équilibre, comme une supériorité technologique des barbares brisant la supériorité séculaire du système militaire romain. D'autres dessinent un schéma qui est finalement plus descriptif qu'explicatif : l'instabilité politique affaiblissant l'Empire et favorisant les invasions des barbares, dont le pillage faisait baisser les revenus et les taxes, rendant plus difficile la défense et facilitant d'autres raids barbares, etc. ; le tout formant un cercle vicieux, mais sans que la cause du cercle vicieux lui-même ne soit élucidée. D'autres encore pensent que l'Empire ne s'est pas effondré mais s'est seulement transformé. Pour certains la chute n'était pas inéluctable, pour d'autres elle l'était. 

Pour un historien aussi informé sur cette époque que Paul Veyne, il n'y a tout simplement pas de grande cause de la chute de Rome, ce fut un accident, provoqué par une conjonction de facteurs multiples et non nécessaires. 

Dans ses - pas assez ? - fameuses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, Montesquieu posait une thèse originale et unifiée pour expliquer l'ascension et la chute de la puissance romaine : la liberté perdue. Curieusement, cette thèse n'est guère mentionnée de nos jours quand il s'agit de s'interroger sur les causes de la chute de l'Empire romain. Le grand public, tout au moins, ne la connaît pas. Si l'on recherche sur sa référence en ligne, l'encyclopédie Wikipedia, version anglaise ou française, l'article Déclin de l'Empire romain d'Occident (ou Decline of the Roman Empire), on constatera qu'il ne mentionne pas la thèse du Français. Thèse oubliée qui avait le mérite, avec une seule grande idée, d'expliquer toute l'histoire romaine. Thèse à laquelle il a probablement manqué une réactualisation après trois siècles de travaux d'érudition historique et archéologique, mais aussi de pensée économique, sociale et politique. Thèse sans laquelle, il faut bien le dire, l'histoire de Rome paraît un mystère insondable. 

Comment s'expliquer que devenue maîtresse du monde, Rome ait été laminée par des épreuves qui, subies de la même façon dans les premiers siècles de son existence, n'interrompirent que très temporairement sa marche vers la domination mondiale ? 

En 390 av. J.-C. Rome, cité parmi tant d'autres, fut mise à sac par les Gaulois de Brennos, et cinquante ans plus tard triomphait une première fois des Samnites, première étape de sa route vers la conquête de l'Italie. Mais en 410 de notre ère, Rome, maîtresse du monde, à nouveau mise à sac par Alaric, fut incapable de réagir et cinquante ans plus tard tout son empire lui avait échappé. 

En 216 avant Jésus-Christ Rome, maîtresse de la seule Italie, est écrasée à Cannes par Hannibal, perdant au total environ soixante-cinq mille hommes, tués ou prisonniers. Quinze ans plus tard, les forces romaines reconstituées triomphent à Zama, sur le territoire même de Carthage, et remportent la guerre la plus décisive de l'histoire de Rome. Mais en 378 Rome, maîtresse du monde, écrasée à Andrinople par les Goths, perdant quarante mille hommes, se trouve incapable de renouveler ses effectifs et laisse les barbares Wisigoths pratiquement libres de se promener dans l'Empire et de le piller, jusqu'à ce qu'ils arrivassent, précisément, à Rome une trentaine d'années plus tard. 

Comment expliquer cela ? 

Mon avis

Merci beaucoup à Babelio ainsi qu'à l'éditeur Jean Cyrille Godefroy de m'avoir donné l'opportunité de lire cet ouvrage, via le dispositif de Masse Critique. 

Passionnée d'histoire, l'histoire de Rome m'a toujours beaucoup intéressée, mais je n'ai jamais lu d'ouvrage qui y soit dédié. 

Ce livre fut une belle surprise. Je dois admettre que j'ai eu peur en recevant le livre (bien que je l'ai sélectionné pour Masse Critique) de m'ennuyer au milieu de termes juridiques de l'auteur. Mais en fait pas du tout. 

Je ne détaillerai pas ici les hypothèses et théories de l'auteur, ce n'est pas le but, Amazon le fera beaucoup mieux que moi! 

Philippe Fabry retrace l'histoire de la montée en puissance de Rome ainsi que sa chute, de façon très claire et concise. Sa façon de nous raconter l'histoire est agréable. Ce n'est certainement pas un roman, mais le livre se lit vraiment très bien pour les amateurs de livres d'histoire comme moi. J'y ai personnellement appris beaucoup de choses sur l'évolution historique et politique de Rome. 

Ses conclusions sur les politiques capitalistes, telles que celle des Etats Unis aujourd'hui, qui sont vouées à triompher, et sur les politiques socialistes, telles que celle de l'URSS, qui sont vouer à disparaître sont intéressantes. 

On y adhère... ou pas.
Je n'y adhère pas.

Néanmoins j'ai trouvé son raisonnement très rigoureux et j'y ai appris beaucoup de choses, et c'est le principal me semble-t-il!

samedi 23 août 2014

Mémoires d'une jeune fille rangée

Simone De Beauvoir

Le sujet

Premier tome d'une autobiographie de Simone de Beauvoir, "Mémoires d'une jeune fille rangée" décrit les vingt premières années de la vie de Simone.

Mon avis

J'ai aimé ... à la folie!

Quelle révélation ! 
Cela faisait très longtemps que j'avais envie de lire Simone de Beauvoir, mais c'est un tel monument de la culture française que j'avais peur de m'y frotter.
Mon club de lecture l'a choisi pour notre lecture commune de l'été, je me suis donc lancée.
Et comme je suis heureuse de l'avoir lu... Je me suis régalée, ce livre m'a fait l'effet d'un véritable bonbon, d'une douceur de l'été.
Nous partageons la vie de Simone depuis son plus jeune âge jusqu'à son agrégation de philosophie, ses peines de coeur, ses amitiés, sa vie de famille, son éducation, tout cela dans une écriture magnifique. Bref, un ravissement!

J'ai noté de nombreux passages que j'ai trouvé fabuleux, et je pense que pour donner envie de lire ce livre, ces quelques extraits seront bien plus efficaces que n'importe quelle critique que je pourrais écrire.

Extraits


Page 74 :
"Quand mes parents décidèrent de s'installer dans un 5e, rue de Rennes, je me rappelle mon désespoir : "Les gens qui se promènent dans la rue, je ne les verrai plus!". On me coupait du monde, on me condamnait à l'exil. A la campagne, peu m'importait d'être reléguée dans un ermitage : la nature me comblait ; à paris, j'avais faim de présence humaine; la vérité d'une ville ce sont ses habitants: à défaut de lien plus intimes, il fallait au moins que je les voie."
Alors là, je ne sais pas vous, mais ce petit passage m'a fait l'effet d'une bombe. C'est tout ce que j'ai toujours pensé, sans jamais vraiment l'exprimer. Et de le voir écrit, par quelqu'un d'autre, cela m'a fait l'effet d'une révélation.

Page 73 :
"A l'heure où les façades deviennent transparentes, je guettais les fenêtres éclairées. Il n'arrivait rien d'extraordinaire ; mais si un enfant s'asseyait devant une table et lisait, je m'émouvais de voir ma propre vie se changer sous mes yeux en spectacle. (...) Je ne me sentais pas exclue, j'avais l'impression qu'à travers la diversité de décors et des acteurs, une histoire unique se déroulait. Indéfiniment répétée d'immeuble en immeuble, de ville en ville, mon existence participait à la richesse de ses innombrables reflets; elle s'ouvrait sur l'univers entier."
Là encore, Simone décrit parfaitement ce que je ressens lors de mes ballades nocturnes dans Paris.

Page 76 :
"Mère parfaite d'une petite fille modèle, lui dispensant une éducation idéale dont elle tirait le maximum de profit, je récupérais mon existence quotidienne sous la figure de la nécessité. (...) Mais je refusais qu'un homme me frustrât de mes responsabilités : nos maries voyageaient. Dans la vie, je le savais, il en va autrement : une mère de famille est toujours flanquée d'un époux ; mille tâches fastidieuses l'accablent. Quand j'évoquai mon avenir, mes servitudes me parurent si pesantes que je renonçai à avoir des enfants à moi ; ce qui m'importait, c'était de former des esprits et des âmes : "je me ferai professeur" décidai-je.
Cependant l'enseignement, tel que le pratiquaient ces demoiselles ne donnait pas au maître une prise assez définitive sur l'élève ; il fallait que celui-ci m'appartint exclusivement : je planifierais ses journées dans les moindres détails, j'en éliminerais tout hasard ; combinant avec une ingénieuse exactitude occupation et distraction, j'exploiterais chaque instant sans rien en gaspiller."

Page 92 :
"Quand je dormais, le monde disparaissait : il avait besoin de moi pour être vu, connu, compris ; je me sentais chargée d'une mission que j'accomplissais avec orgueil ; mais je ne supposais pas que mon corps imparfait dût y participer : au contraire, s'il intervenait, il risquait de tout gâcher. (...) Traduisant un texte anglais j'en découvrais total, unique, le sens universel alors que le th de ma bouche n'était qu'une modulation parmi des millions d'autres ; je dédaignais de m'en préoccuper. L'urgence de ma tâche m'interdisait de m'attarder à ces futilités : tant de choses m'exigeaient! Il fallait réveiller le passé, éclairer ses cinq continents, descendre au centre la Terre et tourner autour de la Lune. Quand on m'astreignait à des exercices oiseux, mon esprit criait famine et je me disais que je perdais un temps précieux. J'étais frustrée et j'étais coupable : je me hâtais d'en finir.
Toute consigne se brisait contre mon impatience."


Page 94 :
"J'éprouvais une des plus grandes joies de mon enfance le jour où ma mère m'annonça qu'elle m'offrait un abonnement personnel. Je me plantai devant le panneau réservé "ouvrages pour la jeunesse" et où s'alignaient des centaines de volumes : "tout cela est à moi?" me dis-je éperdue. La réalité dépassait les plus ambitieux de mes rêves : devant moi s'ouvrait le paradis, jusqu'alors inconnu, de l'abondance. Je rapportai à la maison un catalogue ; aidée par mes parents, je fis un choix parmi les ouvrages marqués J et je dressai des listes ; chaque semaine j'hésitai délicieusement entre de multiples convoitises."
Ami lecteur, qui n'a pas ce même sentiment lorsqu'à la médiathèque, face une offre incroyable de lectures délicieuses, on ne sait pas par quoi commencer?
Ce petit passage décrit parfaitement mes escapades à ma si chère médiathèque.


Les deux passages suivants m'ont beaucoup surpris. Mais nous sommes au début du livre, Simone est encore petite et ingurgite les idées de son entourage.
Je les trouve particulièrement intéressants car ils tranchent fondamentalement avec les idées de De Beauvoir adulte.

Page 171 :
" (Mon père) Il n'estimait pas que la qualité d'une femme se mesurât à son compte en banque ; il se moquait volontiers "des nouveaux riches". L'élite se définissait selon lui par l'intelligence, la culture, une orthographe correcte, une bonne éducation, des idées saines. Je le suivais facilement quand il objectait au suffrage universel la sottise et l'ignorance de la majorité des électeurs : seuls les gens "éclairés" auraient dû avoir le droit au chapitre. Je m'inclinais devant cette logique que complétait une vérité empirique : les "lumières" sont l'apanage de la bourgeoisie. Certains individus de couches inférieures réussissent des prouesses intellectuelles mais ils conservent quelque chose de "primaire" et ce sont généralement des esprits faux. En revanche, tout homme de bonne famille possède un "je ne sais quoi" qui le distingue du vulgaire. Je n'étais pas trop choquée que le mérite fût lié au hasard d'une naissance puisque c'était la volonté de Dieu qui décidait des chances de chacun.
En tout cas, le fait me paraissait patent : moralement donc absolument, la classe à laquelle j'appartenais l'emportait de loin sur le reste de la société."

Page 172 :
"Je trouvai terrible le sort des mineurs, enfouis tout le jour dans de sombres galeries, à la merci d'un coup de grisou. Mais on m'assura que les temps avaient changé. Les ouvriers travaillaient beaucoup moins et gagnaient beaucoup plus ; depuis la création des syndicats, les véritables opprimés c'étaient les patrons. Les ouvriers, beaucoup plus favorisés que nous, n'avaient pas à "représenter", aussi pouvaient-ils s'offrir du poulet tous les dimanches ; au marché leurs femmes achetaient les meilleurs morceaux et elles se payaient des bas de soie. la dureté de leurs métiers, l'inconfort de leurs logis, ils en avaient l'habitude ; ils n'en souffraient pas comme nous en aurions souffert. (...) si les ouvriers haïssaient la bourgeoisie, c'est qu'ils étaient conscients de sa supériorité. Le communisme, le socialisme ne s'expliquaient que par l'envie : "Et l'envie, disait mon père, est un vilain sentiment". "

Page 187 (mon passage préféré) :
"Si j'avais souhaité autrefois me faire institutrice c'est que je rêvais d'être ma propre cause et ma propre fin ; je pensais à présent que la littérature me permettrait de réaliser ce voeu. Elle m'assurerait une immortalité qui compenserait l'éternité perdue : il n'y avait plus de Dieu pour m'aimer mais je brûlerais dans des millions de coeurs. En écrivant une oeuvre nourrie de mon histoire, je me créerais moi-même à neuf et je justifierais de mon existence. En même temps, je servirais l'humanité : quel plus beau cadeau que des livres? Je m'intéressais à la fois à moi, et aux autres : j'acceptais mon "incarnation" mais je ne voulais pas renoncer à l'universel : ce projet conciliait tout, il flattait toutes les aspirations qui s'étaient développées en moi au cours de ces quinze années."

Page 231 : 
"Avant la guerre, l'avenir lui (mon père) souriait ; il comptait faire une carrière prospère, des spéculations heureuses, et nous marier ma soeur et moi dans le beau monde. Pour y briller, il jugeait qu'une femme devait avoir non seulement de la beauté, de l'élégance, mais encore de la conversation, de la lecture, aussi se réjouit-il de mes premiers succès d'écolière ; physiquement je promettais ; si j'étais en outre intelligente et cultivée, je tiendrais avec éclat ma place dans la meilleure société. Mais s'il aimait les femmes d'esprit, mon père n'avait aucun goût pour les bas bleus. Quand il déclara "vous, mes petites, vous ne vous marierez pas, il faudra travailler", il y avait de l'amertume dans sa voix. Je crus que c'était nous qu'il plaignait ; mais non, dans notre laborieux avenir il lisait sa déchéance ; il récriminait contre l'injuste destin qui le condamnait  avoir pour filles des déclassées."

Page 238 :
" "Il faut que ma vie serve! Il faut que dans ma vie tout serve!" Une évidence me pétrifiait : des tâches infinies m'attendaient, j'étais tout entière exigée ; si je me permettais le moindre gaspillage, je trahissais ma mission et je lésais l'humanité. "Tout servira" me dis-je la gorge serrée, c'était mon serment solennel et je le prononçai avec autant d'émotion que s'il avait engagé irrévocablement mon avenir à la face du ciel et de la terre."

Page 245
"Je m'abimai dans la lecture comme autrefois dans la prière. La littérature prit dans mon existence la place qu'y avait occupée la religion : elle l'envahit tout entière ; et la transfigura. Les livres que j'aimais devinrent une Bible où je puisais des conseils et des secours ; j'en copiai de longs extraits ; j'appris par coeur de nouveaux cantiques et de nouvelles litanies, des psaumes, des proverbes, des prophéties et je sanctifiai toutes les circonstances de ma vie en me récitant ces textes sacrés."